L'écrasante majorité des entreprises jugent la certification rentable. Coût moyen de l'opération: 400.000 DH sur une durée de 20 mois. 80% des sociétés sondées avouent avoir opté pour la certification sous la pression des partenaires 
Où en est le Maroc en matière de certification qualité et quel est le nombre d'entreprises certifiables à l'horizon 2010? C'est à ces deux questions que l'Association des qualiticiens du Maroc (AQM) a tenté de répondre en lançant une enquête entre octobre 2002 et janvier 2003. Celle-ci a été menée auprès d'entreprises et de cabinets conseil, membres et partenaires de l'association. Le bilan définitif sera d'ailleurs rendu public lors de cette édition de Solutechq qui démarre aujourd'hui. «Il s'agira alors pour nous d'orienter la prochaine enquête en fonction des attentes de l'assistance», précise Réda Idir, président de l'AQM. La seconde enquête est programmée pour le mois de septembre.Outre l'état des lieux des entreprises certifiées et certifiables, les résultats du sondage permettent d'analyser la situation des cabinets de conseil et organismes de certification au Maroc et de tracer le portrait type du qualiticien marocain.Les auteurs du rapport rappellent que la certification a débuté au Maroc en 1995. A fin juillet 2002, le nombre d'entreprises certifiées s'élevait à 192 entités et l'AQM estime à 210 celles qui auraient décroché la certification à fin 2002. «Nous restons à la traîne par rapport aux pays comparables», souligne le président de l'AQM.Le rapport annuel de l'ISO confirme en effet que la Tunisie comptait déjà à fin 2001 un peu plus de 300 entreprises certifiées ISO 9000 et l'Egypte 546 entités contre 2.263 pour l'Afrique du Sud. Bien entendu, le Maroc demeure encore bien loin des 21.000 sociétés françaises et des 18.000 unités espagnoles certifiées ISO.Le retard est encore plus flagrant pour la certification ISO 14000. Le Maroc ne compte que 6 entreprises certifiées contre 7 pour la Tunisie, 100 pour l'Egypte et 169 pour l'Afrique du Sud.Sur les 200 entreprises qui ont adhéré à la démarche qualité, 30% sont dans le secteur chimie et parachimie et 18% dans l'agroalimentaire. Ce sont les deux secteurs les plus dynamiques en matière de certification, du fait de l'extrême sensibilité de leur activité et la rigueur de leur réglementation.Par ailleurs, les deux tiers des entités certifiées le sont selon la norme ISO 9002 version 1994 et 25% le sont selon la norme version 2000. «Cette proportion va grimper dans les prochaines années car les entreprises certifiées selon la version 94 sont tenues d'actualiser leur système qualité avant décembre 2003», précise le rapport.Et le profil des entreprises certifiées? Elles sont pour la plupart (soit 75%) des sociétés anonymes, de moyenne et grande tailles, dotées d'un capital de 5 millions de DH au moins, réalisant plus de 50 millions de DH de chiffre d'affaires pour un effectif de plus de 50 personnes. Sans oublier que 35% d'entre elles sont des filiales de multinationales.Sur les 500 entreprises existantes qui entrent dans cette catégorie, le potentiel est évalué à 300 entreprises certifiables d'ici 2010, estime le rapport de l'AQM (200 étant déjà certifiées).Les PME, qui représentent moins de 25% des entreprises certifiées, sont pour l'essentiel tournées vers l'export. «Compte tenu de la croissance actuelle, le potentiel est au plus de 200 entreprises d'ici 2010», relève l'AQM. Si le taux de croissance annuel du nombre d'entreprises certifiées reste constant, il augmentera de 50 à 60 entités par an d'ici l'horizon 2010, toutes catégories confondues.Dans la démarche de certification, la phase du conseil et d'accompagnement est cruciale. L'enquête confirme que 70% ont recouru aux services de cabinets externes dans leur démarche de certification. Les autres l'ont fait de façon ponctuelle.Quant au mode de financement, 24% des entreprises interrogées affirment avoir bénéficié du soutien de l'OFPPT (office de la formation professionnelle et de la promotion du travail) et des GIAC (groupement interprofessionnel d'aide au conseil). En revanche, les trois quarts d'entre elles ne connaissent pas l'existence des fonds d'aide et n'en ont donc pas bénéficié. Pas étonnant. «Les cabinets conseil recommandent en général l'utilisation des deux fonds locaux (OFPPT et GIAC) car ces derniers ne pratiquent pas la discrimination entre experts en matière de prestations», explique le rapport. L'AQM précise en effet que les fonds étrangers d'aide et de développement réservent, eux, les prestations de conseil exclusivement aux experts originaires du pays émetteur des fonds. En outre, ils requièrent des démarches administratives jugées lourdes qui entravent l'efficacité de leur utilisation. Autre constat du rapport: ce sont les PME qui sont les plus demandeuses d'une assistance technique ou financière. A en croire les entreprises interrogées, le coût de la démarche de certification est évalué à 400.000 DH en moyenne et le délai de mise en place du système qualité est estimé à 20 mois environ.Concernant le retour sur investissement, 94% des entreprises interrogées jugent la certification rentable, voire très rentable. «Ceci est dû aux résultats concrets apportés par la certification qualité en termes de satisfaction des clients, de réorganisation interne, de mobilisation et de motivation des salariés et d'amélioration des produits et services des entreprises», précise l'AQM. De quoi convaincre les entreprises encore hésitantes.En outre, 80% des entreprises ont opté pour la certification sous le conseil des clients, de la maison mère ou sous la pression des concurrents.En clair, nous sommes encore loin de la démarche volontaire. - See more at: http://www.leconomiste.com/article/dossier-qualitebr-premiere-enquete-sur-la-certification-le-maroc-la-traine#sthash.tVn2ELDZ.dpuf